Car si la pratique d’origine bouddhiste recouvre aujourd’hui une multitude de branches, au point de pouvoir s’y perdre (voir infographie), toutes tirent leur origine du « smriti », ce mot de la langue sanskrit qui signifie « se souvenir ». « Être en pleine conscience, c’est se souvenir de revenir dans l’instant présent », valide Aurélie Gauchet, docteure en psychologie et spécialiste de la méditation. Revenir dans l’instant présent et se concentrer sur le geste à faire en oubliant ce qui l’a précédé ou ce qu’il pourrait entraîner, le parallèle avec le monde du sport ne s’arrête pas là.
En questionnant dix nageurs français sur les sensations ressenties durant leur meilleure performance, le préparateur mental Jean Fournier a noté deux autres points : le plaisir pris lors de ce laps de temps, relativement court, mais qui leur apparaissait lui-même comme distordu. Sur ce constat et dans la lignée d’une poignée d’autres études arrivées aux mêmes conclusions, le monde de la recherche se permet alors de suggérer avec un peu plus d’insistance la méditation comme technique d’entraînement. Mais lorsque Jean Fournier se met en quête d’une porte d’entrée à ses travaux dans le sport de haut-niveau au début des années 2000, il est l’un des premiers en France, comme ailleurs en Europe.
Bien avant d’être aujourd’hui promue par le gratin du sport mondial, de Cristiano Ronaldo et Raheem Sterling à Novak Djokovic, en passant par Lewis Hamilton, Tom Brady ou LeBron James, la pratique est longtemps restée ignorée de la psychologie du sport, un champ pourtant fondateur de sa période moderne depuis le congrès du Comité international olympique à Lausanne, en 1913. Il faudra attendre la fin du siècle et un témoignage, celui de Phil Jackson, pour que le sport daigne prendre la méditation en considération.
Nouvelles couronnes, mais aussi de quelques moqueries servies par le milieu, qui accuse le coach et son groupe de « s’asseoir en rond dans une pièce-sombre en se tenant par la main ».
A partir des années 2000, une réalité s’impose : certaines limites physiques ayant été atteintes, la différence peut se faire sur l’aspect mental de la préparation.
L’essentiel est ailleurs : en l’associant au plus haut niveau, le cas Phil Jackson a démystifié la pratique. À partir des années 2000, le monde du sport garde désormais un œil dessus.
(L’équipe, 30/03/2022)