La force du discours interne

Novak Djokovic après sa victoire face à Jannik Sinner, Wimbledon 2022 (Dernière heure les sports; 05/07/2022):

« En me parlant positivement, c’est comme si je me réanimais »

Mené deux sets à zéro, le Serbe a profité d’une pause aux toilettes pour remettre de l’ordre dans ses idées.

C’est la marque des grands champions. Complètement à la rue face à Jannik Sinner lors de son quart de finale, Novak Djokovic mené deux sets à zéro (7-5, 6-2) et totalement éteint s’est comme transformé, après une pause toilettes, pour recoller au score dans un premier temps puis s’imposer en cinq manches : 7-5, 6-2, 3-6, 2-6, 2-6. Une surprise dans le chef du Serbe ? Pas vraiment puisque c’est la septième fois dans sa carrière que Nole parvient à remporter un match après avoir perdu les deux premiers sets. La dernière fois, c’était l’an passé en finale de Roland-Garros face à Stefanos Tsitsipas (6-7, 2-6, 6-3, 6-2, 6-4), dans un scénario très similaire à celui rencontré ce mardi sur le central de Wimbledon.

Au moment de se présenter devant la presse, l’homme aux six sacres au All England a expliqué avoir eu une conversation avec lui-même entre le deuxième et le troisième set. « Il n’y avait aucune agressivité dans mon comportement. C’était juste un discours d’encouragement, un discours positif. Aussi négatif et déprimé que vous vous sentez dans ces moments-là, même si cela vous semble faux, cela vous donne vraiment un effet et un soutien si vous essayez de trouver les bonnes paroles. Vous vous réanimez en quelque sorte. C’est donc ce que j’ai fait. Je l’ai fait après avoir perdu deux sets en finale de Roland-Garros contre Tsitsipas et aujourd’hui, cela a marché. Cela ne fonctionne pas toujours. Ce n’est pas une garantie que cela fonctionnera toujours. J’avais juste l’impression que je devais changer quelque chose. Je ne jouais pas bien, je ne me sentais pas bien sur le court, j’étais dominé par Sinner. Heureusement, les tournois du Grand Chelem se jouent au meilleur des cinq sets, j’ai donc eu l’occasion de revenir. »

C’est donc un Novak Djokovic transcendé qui est revenu sur le court après avoir analysé ce qui ne fonctionnait pas. « J’avais très bien commencé, j’avais une avance de 4-1 puis j’ai connu un mauvais passage et l’élan positif s’est déplacé de son côté. J’ai commencé à douter de mes coups. Il a commencé à croire davantage en lui-même. Il avait juste une meilleure mentalité, je suppose, sur le terrain. Il avait de la confiance pour dicter le jeu. Je ne tenais pas la distance dans les rallyes. J’étais absent, j’étais trop passif. Vous savez, à ce niveau-là, notamment sur gazon, tout va très vite. En plus, je ne servais pas bien. Il lisait trop facilement mes engagements, il les attaquait. Donc j’étais vraiment en mode défense, pour être honnête. »

Mais à partir du troisième set, le Serbe a affiché un tout autre visage. « J’ai toujours cru que je pouvais revenir. Je sais que mon expérience peut éventuellement prévaloir dans ce genre de situations. Je ne souffrais pas d’une blessure ou d’un problème physique. C’était juste une question de changement d’élan. J’ai senti que le début du troisième set était crucial. »