Comment Léon Marchand a changé son approche mentale

 

« Je n’ai plus peur de l’échec » : Léon Marchand, sa préparation mentale pour être champion

Louise Leboyer /psychologie magazine

Publié le 29/07/2024 à 18:00

Pour ses deuxièmes Jeux Olympiques, Léon Marchand avait de lourdes attentes sur les épaules. Sans sourciller, le nageur a remporté sa première médaille d’or. Une réussite qui a été anticipée psychologiquement.

Champion du monde en titre, fils d’olympiens et favori parmi les athlètes français, Léon Marchand avait le poids du monde sur ses épaules pour ces Jeux à domicile. À seulement 22 ans, le nageur ne s’est pourtant pas laissé submerger par la pression. Le 28 juillet, il a remporté la médaille d’or en 400 mètres quatre nages loin devant ses concurrents. 

« C’était une finale de folie », résume parfaitement le nageur aux micros d’Eurosport. Pourtant, si l’athlète a réussi à se libérer et à puiser dans l’énergie des milliers de spectateurs présents pour l’encourager, tout n’a pas toujours été si simple pour le nageur qui a été tenté de tout arrêter

Un burn-out qui aurait pu tout changer

Tout commençait pourtant bien pour Léon Marchand. En 2019, lors des Championnats de France, il remporte une première médaille d’or en 200m papillon. La même année, il enchaîne avec deux médailles de bronze aux Championnats d’Europe. L’année suivante, il remporte deux médailles d’or et deux médailles d’argent aux Championnats du monde. Pourtant, c’est cette course aux médailles qui finit par mettre en péril sa carrière

En 2020, pendant un confinement passé loin des bassins et de la compétition, le nageur prend du recul, se rend compte que « quelque chose ne va pas » et est proche du burn-out. « J’avais un peu peur, je ne me sentais pas légitime si je ne ramenais pas une médaille », confie-t-il dans une interview pour Brut. Nager pour performer, pour remporter des titres, pour battre des records. Il perd le goût de la natation et songe à renoncer. « Il était dans la peur de mal faire et ça ne se passait pas forcément bien », reconnaît son préparateur mental Thomas Sammut. C’est d’ailleurs grâce à la lecture du livre de ce dernier, que le nageur se décide à entamer un travail psychologique. 

 

« Je savais que j’étais nageur, mais en dehors de ça je n’avais rien »

« J’aime bien me dire : qu’est-ce qui se passe si j’échoue ? Et en fait je me rends compte qu’il ne va rien se passer de spécial », reconnaît le nageur. C’est par le biais de cette préparation mentale que Léon Marchand apprend à se connaître, à se découvrir et à comprendre son fonctionnement. Désormais, il ne puise plus son énergie dans la peur, mais dans le plaisir. « Maintenant je n’ai plus peur de l’échec. Je suis plus en mode : je profite et j’essaie », explique-t-il. Si la préparation mentale a aidé le nageur, elle a surtout aidé un jeune homme de 22 ans qui ne s’aimait pas beaucoup. Timide, réservé et défini par sa discipline par le passé, Léon Marchand sait désormais qui il est « en tant qu’être humain et pas en tant que nageur seulement ». « Avant je savais que j’étais nageur, mais en dehors de ça je n’avais rien. J’étais un peu perdu », se souvient-il.

« Je ne m’aimais pas autant que maintenant, avoue le jeune champion olympique. C’est plus facile de rester focus sur soi quand on s’aime. » Désormais, lorsqu’on lui demande un mot pour définir ce qu’il est, le nageur évoque davantage le plaisir que les trophées. Même après avoir remporté sa médaille olympique, Léon Marchand insiste sur ses ressentis plutôt que sa performance. « J’ai réussi à me libérer, j’avais beaucoup de pression avant la course, reconnaît-il auprès de Franceinfo. J’ai essayé d’ouvrir les yeux, d’écouter le bruit du public et de m’en servir. C’est beaucoup de plaisir pour moi. » Un plaisir et une volonté de s’amuser qui l’aident à se transcender et à dépasser ses limites. Pour se préparer mentalement, le nageur essaie le plus possible de se déconnecter de l’enjeu, de ne pas visualiser sa course, de vivre dans l’instant présent. Entre les qualifications et les finales, le champion lit des mangas, regarde des séries et, surtout, se vide la tête. À la fin de la journée, seule la joie du temps passé dans l’eau compte. « C’est un sport, c’est de la piscine, rappelle-t-il. On ne va pas se mentir, ce n’est pas non plus ce qui va changer ma vie. »